Musicinbelgium : DHARMAWAN, Dwiki – Pasar klewer
Après l’album “So far so close”, sorti l’an dernier chez Moonjune Records, ce label américain édite un nouvel album de Dwiki Dharmawan, son deuxième chez Moonjune mais en fait le suivant d’une longue série entamée il y a plus de trente ans. Dwiki Dharmawan est en effet un musicien plus que confirmé et est un des plus respecté de son Indonésie natale. Ses talents pianistiques le rapprochent aisément de n’importe quel as du clavier occidental. Mais comme l’Indonésie est loin d’ici, il ne bénéficie pas encore d’une réputation à la mesure de son génie.
Nous reprendrons donc notre bâton de pèlerin pour continuer de semer la bonne parole au sujet de Dwiki Dharmawan, dont le nouvel album – un double – enrichit le lourd dossier du jazz rock d’une pièce admirable. Pour ce faire, Dwiki Dharmawan a réuni quelques-uns des musiciens internationaux les plus calés. Le noyau dur est constitué d’Aron Stavi (basse) et Asaf Sirkis (batterie et percussions), qui officient sur les onze titres. Et on n’oublie pas les musiciens invités avec Mark Wingfield (guitare), Nicolas Meier (guitare), Gilad Atzmon (clarinette et saxophone), Boris Savoldelli (chant), Aris Daryono (chant et percussions), Pedri Candra Rini (chant) et un orchestre de gamelan, c’est-à -dire un ensemble instrumental traditionnel javanais. L’album est enregistré à Londres en juin 2015, quelques parties instrumentales sont ajoutées durant l’été et le tout est mixé par Mark Wingfield au studio Heron Island dans le Cambridgeshire en octobre 2015 et avril 2016.
Pour ce qui est de la matière musicale, Dwiki Dharmawan et ses hommes nous sortent un superbe exercice de jazz fusion décomplexé, éminemment technique et jovial. On sent le plaisir de jouer et l’interaction efficace des musiciens, lâchés en liberté sur des morceaux qui vont souvent dépasser allégrement les dix minutes. Dwiki Dharmawan sert de grand organisateur en chef et, quand il ne s’octroie pas des solos acrobatiques, laisse ses camarades s’ébrouer à la guitare ou aux cuivres (les superbes prestations de Gilad Atzmon sur “Bubuy bulan” et “Frog dance”, ou l’échange raffiné entre Dharmawan et Mark Wingfield sur “Forest”, une reprise de Robert Wyatt).
Citons également l’excellent “Pasar Klewer” et les parties de guitare athlétiques de Mark Wingfield, qui connaît bien le bassiste Yaron Stavi et le batteur Asaf Sirkis pour avoir travaillé avec eux sur son album “Proof of light”. Ce morceau part dans le délire à partir du moment où Dwiki Dharmawan intervient avec son piano. Pas piqué des hannetons non plus, “Spirit of peace” fait intervenir à nouveau le grand Gilad Atzmon qui part sur des improvisations orientalistes. On retrouve encore Gilad Atzmon sur le plus fou “Tjampuhan”, qui casse les rythmes en permanence et enchaîne les ambiances bigarrées.
L’écoute de ce double album tient de l’exercice de longue haleine car il y a des surprises dans tous les coins. Mais c’est un superbe voyage que l’on accomplit ici en présence de Dwiki Dharmawan, décidément un pianiste de tout premier plan et un compositeur audacieux.
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